« Alexandre Grothendiecke, un mathématicien à la poursuite des choses évidentes »

Mercredi 21 septembre à l’Espace culturel, à 18 heures

par Jean Malgoire, maître de conférences

Janvier 1985, une vague de froid exceptionnelle s'est abattue sur toute l'Europe. Dans un très modeste mazet perdu au milieu des vignes, près de Mormoiron, Alexandre Grothendieck est plongé depuis des mois dans la rédaction de Ré-coltes et Semailles. Le 7 janvier, les rigueurs de l'hiver s'invitent dans son récit et celui-ci nous parle du vent glacé qui descend du mont Ventoux, du potager gelé, des souches de vigne qu'il coupe à la hache chaque jour pour alimenter le poêle auprès duquel il tape sur sa vieille machine à écrire. Mais rien n'entame son ar-deur et ce qui devait être une introduction à un texte purement mathématique de-viendra un ouvrage autonome de plus de 1500 pages... texte à la diffusion confi-dentielle jusqu'à son édition récente chez Gallimard.
Ce quasi ermite est l'un des mathématiciens les plus importants de l'histoire, de-venu un mythe de son vivant, par son oeuvre immense et révolutionnaire bien sûr, mais aussi par sa vie et ses engagements en résonance avec les grands boule-versements du XXème siècle. J'essaierai de présenter, à l'aide de documents, photos, souvenirs personnels l'itinéraire de cet homme exceptionnel et de donner un aperçu de son oeuvre.

J’ai été en contact avec Alexandre Grothendieck pendant sa deuxième période Montpelliéraine ; en particulier très régulièrement de sept. 76 à décembre 81, pé-riode durant laquelle j’étais l’un de ses élèves. En 79 j'ai soutenu une thèse prépa-rée sous sa direction. Ma dernière rencontre avec lui est une visite en juillet 95, où il m'a fait don de la totalité des manuscrits mathématiques qu'il m'avait confié en 90 ; mais j'ai continué à correspondre avec lui jusqu'à la fin 99. Depuis 1981 jusqu'à mon départ à la retraite, j'ai occupé un poste de maître de conférences au département de mathématique de l'université de Montpellier.