Conférence du 20 mars 2019 à 18h à l’espace culturel Patrick Fabre
par Roberto Forniés Alaiz, agrégé de langue et civilisation espagnoles

Il s’agit de découvrir un homme au destin singulier avec lequel nous allons parcourir l’histoire de l’Europe de ces quatre-vingt dernières années dans la cruauté de la guerre et la douceur de la paix. Enfant juif allemand, orphelin par la grâce des nazis, interné clandestin dans l’horreur d’Auschwitz puis de Mauthausen, il va tout traverser avec l’assurance et la volonté farouche de ceux qui ne lâchent jamais prise. Quoi qu’il arrive, et même, et déjà à 7 ans !
Il côtoie les résistants russes, tchèques, polonais, espagnols victimes de l’histoire européenne des années 30-40, parmi lesquels il va rencontrer son ange gardien, son père de substitution à qui il s’agrippera avec l’énergie du naufragé et auquel il vouera une émouvante dévotion jusqu’à nos jours.
Seul enfant rescapé d’Auschwitz, interné ensuite à Mauthausen, réfugié en France, terre étrangère, à l’âge de 11 ans, il ira à l’école pour la première fois sous un nom d’emprunt et occupera divers emplois. Après bien des vicissitudes, il s’émancipera grâce à la réalisation d’un rêve tenace, celui d’intégrer le milieu parisien et léger de la chanson française de l’avant yéyé. Il y trouvera des succès discographiques et créera des liens amicaux voire fraternels avec quelques très grands noms.
Puis, page tournée, il tentera une autre aventure, celle du tourisme chic et innovant d’Ibiza. Il sera capable d’y devenir styliste à succès et chef d’entreprise multiple dans le monde du loisir. Aujourd’hui sculpteur, il termine paisiblement une vie au parcours tourmenté et unique. Ceux qui connaissent la vie et l’oeuvre de Boris Cyrulnik ne seront pas surpris d’apprendre que leurs chemins se sont fraternellement rencontrés.

Roberto Forniés Alaiz est fils de républicains espagnols réfugiés en France en 1939. Il est hispaniste et a été professeur de langue et civilisation espagnoles. Il travaille à travers ses conférences sur les circonstances sociales, économiques et politiques qui ont amené, pendant environ un siècle et jusqu’aux années 1970, des centaines de milliers d’espagnols à venir travailler en France et, pour beaucoup d’entre eux, à s’y établir définitivement en obtenant, le plus souvent, la nationalité française.