Dada, le surréalisme et la presse française : un jeu d'écho entre attraction et répulsion. 

Conférence du 27 février 2019 à 18h à l’espace culturel Patrick Fabre
Réception critique et enjeux de diffusion, du lancement de Dada à Paris à l’engagement communiste des surréalistes (1920-1927)
par Marine Nédelec, doctorante en histoire de l’art.

Cette communication cherche à mettre à jour les relations qui se sont instaurées, dans les années 1920, entre la presse française et deux avant-gardes naissantes, le dadaïsme et le surréalisme. Elle expose à la fois la manière dont ont été réceptionnés ces deux mouvements par la presse de leur temps et l’usage que ses membres ont eu du quatrième pouvoir. Elle illustre ainsi ce jeu d’écho et de miroir déformant qui va s’instaurer, entre utilité et attraction d’un côté, et rejet, limites et répulsion de l’autre.

  • Entre émission et réception : Dada et le surréalisme comme miroirs déformés de la société

Une première partie cherche à voir comment Dada et le surréalisme ont été réceptionnés par la presse de droite comme par la presse de gauche, dans le contexte spécifique de l’après-guerre. Elle met en avant le fait que ces deux mouvements vont incarner despr oblématiques contemporaines, tendant souvent à une vision négative, surtout dans la presse de droite. Dada et le surréalisme deviennent alors des miroirs déformés de la société, cristallisant ce qui a pu être considéré comme les grands maux contemporains, à l’instar de l’incohérence, de la folie, de la dégénérescence, du nihilisme ou du bolchevisme.

  • Jeux de miroirs et de systèmes : entre réception et utilisation réelle, la stratégie créatrice de la porosité des frontières

Une deuxième partie poursuit la réception critique de ces deux avant-gardes en l’orientant vers la stratégie littéraire et donc vers la part active que ses membres ont joué dans la presse. Elle montre ainsi comment ils ont été perçus en tant que stratèges et réclamistes, cherchant à se faire une place dans le champ littéraire. Puis elle met en avant la façon dont ils se sont réellement emparés du quatrième pouvoir, la manière dont ils l’ont utilisé pour se diffuser et comment ils se sont positionnés face à lui. Cette partie interroge l’entité nommée « presse », ensemble hétérogène composé en partie des surréalistes et des dadas.

  • Jeu de dupes : les limites des systèmes et des frontières

Enfin, une troisième partie cherche à voir comment ces deux avant-gardes ont contraint la presse à interroger ses codes, comme par exemple celui de la logique de l’actualité qui mena à l’avortement de plusieurs tentatives de boycott. D’un autre côté, elle expose ce jeu de dupes, car en jouant avec son système, les Dadas et les surréalistes se sont pris à leur tour dans ses rouages. Cette partie permet d’observer de façon précise les différents mécanismes tant de la presse que de ces avant-gardes, ainsi que leurs limites.


Marine Nédelec est actuellement en fin de thèse de doctorat en histoire de l’art à l’Université Paris I Sorbonne où elle a suivi son master. Au cours de ses études elle a pu être associée à l’organisation d’expositions et de classement d’inventaires, en particulier au Fond national d’art contemporain.