Édouard Alfred Martel (1859-1938), l’homme qui voyageait pour les gouffres….

mercredi 8 avril 2015 à 18h à l’Espace culturel Patrick Fabre

par Gérald Guillemin et Bruno Floquet

Qu’on les appelle gouffres, abîmes, avens, igues ou grottes, les merveilles  souterraines des régions calcaires du sud de la France étaient encore très peu  connues et explorées jusque vers la fin du dix neuvième siècle.
En 1867, Jules Verne fit paraître l’un de ses plus célèbres romans, le «Voyage au  centre de laterre ».
Ce récit d’exploration suscita-t-il des vocations ? Sans doute, puisque la véritable  passion d’Edouard Alfred Martel, né en 1859, qui n’avait alors que huit ans, naquit  justement vers cette époque.
Fils d’un avocat parisien, Martel, que rien ne prédisposait à une telle aventure, consacrera sa vie à l’exploration souterraine aux quatre coins de la planète, et fera, à l’occasion de recherches systématiques dans les cavités creusées par l’érosion  dans les massifs calcaires, de sensationnelles découvertes.
C’est pourquoi ses contemporains, et même ses successeurs, le qualifieront de «père de la spéléologie moderne »….
La région des grands Causses, au sud du Massif Central, et plus particulièrement la Lozère, l’Aveyron, le Gard, le Lot, profiteront largement de ses découvertes pour faire connaitre leurs merveilles cachées. Bramabiau, Dargilan, le gouffre de  Padirac, l’aven Armand, la vallée du Tarn, les ruiniformes de Nîmes le Vieux et Montpellier le Vieux sont des noms aujourd’hui universellement connus, et visités  par les touristes venus du monde entier. Car Martel, dès le départ, souhaita que ces lieux puissent être aménagés et visités par tout un chacun…. La visite de Padirac commencera dès 1899….mais se fera encore à la bougie pendant une dizaine d’années ! Aujourd’hui, Padirac est le site souterrain le plus visité de France avec près de 425 000 entrées par an.
Plus encore, Edouard Alfred Martel, écrivain de sa propre vie au travers d’une  vingtaine de gros ouvrages et de milliers d’articles dans des revues spécialisées,  sera à l’origine de la loi sur l’eau votée au Parlement le 15 février 1902, préservant  de la contamination les eaux de source et les résurgences destinées à la  consommation d’eau potable.
Après la guerre de 14, ses voyages et ses explorations ralentiront : il se consacrera désormais jusqu’à sa mort en 1938 à la vulgarisation par l’écriture, les tournées de  conférences, et il entretiendra une correspondance nourrie avec les jeunes  spéléologues de la génération montante, Norbert Casteret, Louis Balsan, Robert de Joly, qui marcheront sur ses traces.
Parmi la bonne soixantaine de départements français visités et explorés, Martel  viendra plusieurs fois en Vaucluse, en 1892, 1899 et 1913, à la demande des  autorités, et au cours de missions officielles. Il sera le premier à descendre  l’impressionnant puits vertical de 160 mètres de l’aven Jean Nouveau, près de Sault, par exemple, et fera d’intéressantes constatations à la résurgence de  Fontaine-de-Vaucluse, l’une des cinq plus puissantes du monde.
Martel a fourni son nom à une multitude de grottes, de lacs souterrains, d’itinéraires touristiques (comme le « sentier Martel » dans les gorges du Verdon) un peu  partout à travers le monde. Il reste que sa vie et son oeuvre sont relativement peu  connus du grand public dans son propre pays, la France.
C’est pourquoi nous essaierons de vous le faire un peu mieux connaître à  l’occasion de cette présentation.

Gérald GUILLEMIN, très jeune, membre des JPGF (Jeunesse préhistorique et  géologique de France), et dès quatorze ans entreprend des explorations  souterraines en solitaire dans le Lot. A dix sept ans il apprend le métier de «facteur  d’orgues » à Strasbourg chez Maître KERN ; puis exerce cette même profession de  1969 à 1975 chez le facteur SALS à Malaucène. En 1967, il relance le « Speleo  Club de Dole » dans le Jura, et il adhère en 1969 au Groupe spéléologique de  Carpentras, dont il fut président de 1973 à 1977 (à la suite de René JEAN).
Avec ce groupe il a exploré tous les grands sites souterrains du Vaucluse. Bruno  FLOQUET, qui passe sa jeunesse à Paris, est comédien au TNP et découvre  Avignon et son festival en 1970. Photographe professionnel installé d’abord dans la  région d’Annecy vers 1973, il déménage pour Malaucène où il installe le « Studio du Ventoux » dans cette petite cité au pied du Ventoux en 1978. Il y exercera son métier pendant trente années. Réalisateur en audio-visuel, il présentera également des conférences « multivision » accompagnant ses créations à travers toute la  France, en Belgique et aux Pays-Bas pendant une quinzaine d’années.