Les Années Folles d'Erik Satie (1866-1925)

Mercedi 1er avril 2015  à 18h00

à l'Espace Culturel Patrick Fabre de Vaison-la-Romaine

par Antoine Abou, sociologue

Pourquoi évoquer Satie aujourd'hui ? Erik Satie se définissait comme "Compositeur de musique d’ameublement, Musicien de la Confrérie de la Rose-Croix, Maître de  chapelle de l’Église Métropolitaine de Jésus Conducteur, élève diplômé de la  Schola Cantorum". Par les uns il est considéré comme un fumiste, et par les autres comme un génie. Quel est cet homme étrange, indépendant, fantasque, novateur, redécouvert par des  pianistes comme Aldo Ciccolini (1925-2015), Anne Queffélec ou Alexandre Tharaud  ?
Quel est ce monde dans lequel il vit, où l'on croisera des gens comme Puvis de  Chavannes, Alphonse Allais, Claude Debussy, Suzanne Valadon, Igor Stravinsky,  Picasso, Jean Cocteau ou même le Rose-Croix Joséphin Péladan sans doute  moins connu, sauf peut-être pour ceux qui sont des familiers de Frédéric Mistral avec qui il a été en correspondance.
A Satie on associe souvent des titres qui nous font sourire : Trois morceaux en  forme de poire, Trois petites pièces montées, Trois embryons desséchés (1913), Quatre préludes flasques pour un chien, Croquis et agaceries d'un gros bonhomme en bois (1913), Musique d'ameublement (1920), Mémoires d'un amnésique (1913) ; ou encore des titres dont la formulation nous interroge comme les Gymnopédies,  ou les Gnossiennes.
Qu'y a-t-il derrière cet homme complètement inclassable, pianiste de cabaret,  adepte des Rose-Croix, socialiste, communiste, dadaïste, mort à 59 ans d'une  cirrhose du foie à force de bière et de Calvados sans jamais avoir été ivre,  plaisantin facétieux qui ne riait jamais. Cet homme dont on a du mal à trouver la filiation, qui se défendait d'avoir des  élèves, et dont pourtant l'influence touche jusqu'à la variété contemporaine. On  pense par exemple aujourd'hui à quelqu'un comme Benjamin Clementine, ce jeune chanteur et compositeur anglais," Révélation" aux dernières Victoires de la Musique, qui ne cache pas qu'Erik Satie est son compositeur préféré.
Mystique, colérique, anarchiste, ivrogne, misogyne, mythomane, généreux,  persuadé de sa valeur tout en ne se prenant pas au sérieux : Satie fut tout cela et  plus que cela. C'est ce que le conférencier s'attachera à montrer et à faire entendre.

Antoine Abou est maître de conférences honoraire de sociologie, musicien amateur  et amateur de musique.